Laisser l’accès aux essais cliniques et aux médicaments innovants contre le cancer pédiatrique dépendre du succès d’un financement participatif ? “C’est inhumain. Les enfants Belges méritent un accès aux meilleurs soins aussi facile que les enfants des autres pays Européens”
KickCancer plaide auprès du tout nouveau gouvernement pour un accès structurellement facile aux études cliniques et au remboursement des médicaments innovants par la sécurité sociale.
Bruxelles, le 31 janvier 2025 – A l’occasion de la journée mondiale contre le cancer (4/02) et la journée mondiale contre le cancer de l’enfant (15/02), la Fondation KickCancer plaide pour un accès facilité aux études cliniques étrangères et aux nouveaux médicaments innovants pour les patients Belges atteints de cancer. “Il est inhumain que des parents doivent aujourd’hui récolter eux-mêmes des milliers d’euros afin d’obtenir le traitement le plus innovant pour leur enfant malade”, déclare Delphine Heenen de KickCancer. La Fondation souhaite trouver avec le tout nouveau gouvernement fédéral une solution structurelle pour un accès plus facile, sans stress supplémentaire ni soucis financiers.
Chaque type de cancer d’enfant est classé comme une “maladie rare”. Cela a deux conséquences négatives pour le développement de nouvelles thérapies. Premièrement, développer des médicaments contre le cancer d’enfant n’est pas rentable et n’est pas une priorité pour l’industrie pharmaceutique. Deuxièmement, les essais cliniques sont financés par des institutions philanthropiques ou universitaires qui disposent de budgets plus modestes. Les études sont uniquement réalisées dans un nombre limité de pays, afin de garantir qu’elles soient menées aussi efficacement que possible. De plus, ce sont des pays dans lesquels la sécurité sociale locale accepte le remboursement de tous les soins médicaux. Ce n’est pas le cas en Belgique et lorsque des enfants Belges atteints d’un cancer doivent voyager pour participer à un essai clinique, les caisses d’assurance maladie Belges refusent de les rembourser.
KickCancer appelle donc le futur gouvernement à organiser d’urgence un processus décisionnel basé sur des faits scientifiques pour financer les frais médicaux des enfants Belges atteints de cancer, qui doivent voyager à l’étranger pour une étude clinique ou des médicaments innovants
Rejeté par la Sécurité Sociale comme “supplément” ou “trop innovant”
Le gouvernement Belge a aussi une interprétation différente de celle de nos pays voisins (par exemple la France) de ce qui doit être remboursé par la sécurité sociale dans le cadre d’une étude clinique. Toute consultation, imagerie ou autre intervention médicale n’appartenant pas à la liste agréée des “soins standards” est interprétée comme un supplément et entraîne le rejet de l’intégralité de la demande. La totalité des frais de participation à l’étude clinique étrangère sera à la charge de la famille du patient.
« Chaque minute que je passe à organiser une collecte de fonds est une minute de moins auprès de ma fille. L’accès aux traitements innovants ne devrait jamais dépendre de la capacité des familles à réunir des dons. » Laura, maman de Judith.
Traitement CAR-T prometteur à Rome recommandé par les experts
C’est également ce qui arrive aujourd’hui à deux patientes Belges atteintes d’un neuroblastome, Lotte (12 ans) et Judith (8 ans). Leur meilleure option actuelle est le traitement avec les cellules CAR-T innovantes (anti GD2), développées par l’Ospedale Pediatrico Bambino Gesù de Rome. Mais le remboursement de ce traitement a été refusé par la sécurité sociale. Leurs familles doivent faire appel au sponsoring et au bon coeur de plus grand nombre : à travers des articles dans les journaux et des messages sur les réseaux sociaux… Ils devront vendre leur histoire de cancer au grand public Belge, car seul un financement participatif réussi leur permettra d’accéder au traitement le plus innovant pour leur neuroblastome à haut risque.
« Je suis une maman, pas une organisatrice de levée de fonds. Pourtant, aujourd’hui, je dois réunir 315.000 euros pour que ma fille ait accès à un traitement innovant qui pourrait consolider sa rémission. Ce n’est pas un choix, croyez-moi. Nous préférerions rester dans l’ombre, loin de cette exposition médiatique. », Laura maman de Judith.
L’essai clinique de phase I du traitement CAR-T est terminé et l’équipe de recherche a identifié le groupe spécifique de patients qui bénéficieront du traitement. Les chercheurs discutent actuellement de la conception de l’essai clinique de phase II avec l’Agence Européenne des médicaments (EMA).
Entre ces deux phases de recherche, des patients de toute l’Europe continuent à se rendre à Rome pour accéder à ce nouveau traitement prometteur et innovant, recommandé par les experts lorsque les traitements standards sont épuisés.
Les patients Français sont évalués par un comité d’experts en neuroblastome, les patients Danois par un comité d’oncologues. Si ces experts Français ou Danois confirment que le patient est susceptible de bénéficier du traitement, leurs frais de déplacement et de traitement à Rome seront intégralement remboursés par la Sécurité Sociale Française ou Danoise.
“C’est une situation à laquelle nous sommes de plus en plus confrontés. Les patients en situation désespérée retrouvent espoir grâce à un traitement précieux et fondé sur des bases scientifiques fortes, que nous ne pouvons pas proposer assez rapidement en Belgique. Il est urgent de trouver une solution structurelle à ces cas très rares”, déclare Bram Dewilde, oncologue pédiatrique à l’UZ Gent.
KickCancer et les experts en oncologie pédiatrique estiment qu’en moyenne 2 à 3 patients par an atteints de cette maladie devraient pouvoir se rendre à Rome pour le traitement CAR-T jusqu’à ce qu’il soit disponible en Belgique dans quelques années.
Nécessité d’un cadre structurel en concertation avec le gouvernement Belge.
Les patients atteints d’autres types de cancers de l’enfant ont également besoin de toute urgence d’un processus de validation structurelle qui leur permettra d’accéder plus facilement aux médicaments innovants ou aux études cliniques.
Que préférons-nous comme société ? Une sécurité sociale qui rembourse les traitements considérés comme la meilleure option par les experts européens, ou voir apparaître quelques fois par an divers financements participatifs dans les médias ?
“Nous appelons le nouveau gouvernement à agir rapidement et, en collaboration avec KickCancer et l’Association Belge d’oncologues pédiatriques (BSPHO), à mettre en place un processus de validation des thérapies innovantes à l’étranger. Ce processus peut garantir que les enfants Belges atteints de cancer aient un accès facile aux essais cliniques ou aux traitements innovants en Europe. Leurs frais de soins et de déplacement doivent être remboursés par la Sécurité Sociale. Nous sommes totalement opposés à l’alternative de la collecte de fonds en ligne, car les patients méritent que leur vie privée soit respectée. En outre, nous ne pouvons pas prendre le risque que le public doive être capable de faire la distinction entre, d’une part, des traitements étrangers légitimes, fondés sur des preuves, et d’autre part, des traitements dits “miracles” coûteux, qui sont en pratique frauduleux et avec lesquels des gens malhonnêtes s’enrichissent tout en exploitant le désespoir de patients ” Delphine Heenen, fondatrice KickCancer.
Pour plus d'information, pas pour publication :
Ann Ramaekers